Décomposer. Des composés. Dès qu’on pose deux verbes loin de l’autre. Des verbes divers. Des verbes devenus des noms. Des noms propres, communs, passifs, adjectifs. On a fait du verbe aimer un complément de phrase.
Heureusement qu’on décompose. On défait les nœuds, confortablement seul. Tranquillement, on détricote le fil du tapis jadis sous nos pieds.
Ça fait du bien. Heureusement, qu’on décompose. Qu’on déclasse pour ne plus s’enlacer. Maintenant qu’on se délaisse, je constate l’espace qu’il me reste
Il est vrai, qu’on décompose lentement. Une douleur qui perd ses couleurs - voilà un long chapitre. Un esti d’long chapitre.
Un chapitre qui radote, et radote, et radote, et revient sur lui-même. Appeler ça un back-n-fourth: de nombreux détours pour revoir les deux tours tombés.
On décompose lentement. Ça prend du temps. Et il y’a là, de quoi d’apaisant. La passion décolore, mais la peine aussi, il faut savoir - elle décolore.
J’effaçais ailleurs. Un café, un sentier, un souper, un texto, un gros chien, un coin d’rue, une odeur. J’effaçais ailleurs. Une personne. J’essayais d’effacer une personne. Mais quelle erreur.
C’était un samedi matin, quand j’ai finalement compris, comment on décompose.
Croyez-moi sur parole, les restants de la veille trainaient encore, ici et là. Comme à l’habitude, j’ai pensé les réchauffer. Mais, l’envie n’y était pas, et cela m’a semblé si évident pourquoi.
Je l’ai vu par la fenêtre de l’appartement - la tulipe. Elle a passé l’hiver sous terre. On l’avait oublié. Ce samedi-là, elle est revenue. Pour combien de temps? Elle l’ignore. Elle ne se pose pas la question.
J’ai voulu faire pareil. Ce n’était pas grand-chose au début. J’ai bricolé un morceau, un bout d’pain, les miettes d’une histoire en cours; la mienne. Je l’ai entendu, et j’ai aimé l’entendre. Et j’ai composé. Et j’ai composé.
Ce poème fait partie du livre graphique de Sandrine Deslauniers, qui porte sur la beauté de la décomposition.