Ce passage est un extrait de mon premier roman: VOLIM
Elle m’a cédulé une rencontre sans même me consulter. Elle m’a dit: « t’en as d’besoin ». Le culot…Une vrai folle.
Ma psy laisse entendre que ma relation avec le travail est malsaine. Que je m’en sers comme une échappatoire. Ma psy laisse entendre souvent, elle parle d’autant plus, beaucoup plus que la moyenne. Elle raconte et démontre. Règle générale, elle est tolérable. Pas cette fois-ci. Elle rate la cible et touche le sensible. Faut savoir, ce n’est pas une échappatoire, mais un élévateur. Je tolère mal les humains. Les côtoyer, ne serait-ce que dans une rangée d’épicerie (surtout dans une rangée d’épicerie), est un véritable supplice. Et pourtant, une fois sur mon ordi, on pourrait croire que j’les aime. On pourrait croire que j’les aime car j’les oublie. Mon ordi et moi, on s’aime d’un amour fusionnel et durable. Il me donne envie de parler de mes semblables comme des semblables. Mes histoires en ont besoin. Mon ordi et moi, voilà un amour divin. Dans quelques années, je vais changer mon ordi et l’oublier le lendemain. Je n’ai encore jamais rencontré un tel humain. J’ai bien répondu à ma psy que si elle voulait que j’la paye, elle devrait passer moins d’temps à m’parler dans une rangée d’épicerie et plus à m’écouter devant son ordi.
Please don’t make this poem about you.
J’aime la dépendance des autres. Ça m’repose d’être dans leur peau. Je me vois bien, moi, accro aux drops d’auto, à la porno, aux danses TikTok et au rhume and coke. Je les envie, les autres. Ma dépendance à moi, je peux pas l’acheter ou la scroller pour me doser. Elle me traverse et j’attends qu’elle me passe. Je peux juste patienter. Que ma peine prenne la rouille avec l’hiver. Que chaque morceau d’mémoire s’oublie dans une craque de divan différente avec le temps. Ma dépendance à moi, elle fait ce qu’elle veut, elle me demande pas de la rejoindre, elle fait aucune pub pour me convaincre, elle s’en câlisse. J’en dépend, elle l’ignore, et j’y peux rien. C’est ce qu’on appel un guet-apens. Ma psy laisse entendre que j’ai des: (ouvre les guillemets) patterns (ferme les guillemets). Elle est tellement lente. J’ai trois puzzles d’avance. Je les échappe volontier. Ça m’intéresse pas de savoir que l’objet de mon désir est de répéter mon passé - j’en ai rien à foutre. J’veux juste qu’on efface et qu’on avance, quitte à répéter et devenir habitué.
“I can’t even get down from the shit I climb” - Aubrey Drake Graham
Ce matin, le monde était à ma portée. Ce soir, j’cogne à toutes mes portes avant d’entrer. J’ignore où j’ai perdu pied. J’ai pourtant marché dans mes pas. J’ai rempli ma To-do et envoyé mes factures, le compte y est pas. Je blâme la techno du voisin et l’rigodon des fêtes. Ils me donnent des mots d’têtes et des maux d’cœur. J’aime ce jeux de mots, je l’aime souvent, ça peut se lire religieusement. Des mots pour des maux pendant des mois - maudit qu’on s’tanne pas. Noël était religieux avant d’être payant. Maintenant, je ne méprise plus les fêtes. Il est vrai que les gens se voient, au moins. Sinon, ils s’occupent à regarder des épisodes et se liker. Les gens sont majoritairement insignifiants. La démocratie place l’abruti sur le trône. C’est une évidence qui se démontre. Que le paysan outré soit outré, je ne pourrais pas m’en foutre davantage, même si on m’payait pour les aimer - les gens.
J’ai essayé de t’oublier. Ça ne sert à rien. Ma mémoire n’écoute qu’elle-même.
Laissez-moi penser en paix, en claire ou en peine. Je suis cervidexe, je pense comme je veux. Je suis fonctionnaire dans mes plans et incohérent dans mes textes. Je poétise sans effort, en tapant les touches sans même les regarder. Leur consentement m’est bien égal. Je me vide de mon mal, je n’ai aucune pitié pour ses touches frêles et passives, à qui je n’ai rien demandé, sauf d’écouter et d’exécuter. Leur vie est simple. J’ignore pourquoi il faudrait y mettre des émotions. J’ai des émotions que devant les touches, sinon, c’est malaisant. Écrire des poèmes est aussi facile que dormir, il suffit d’abandonner. Cette nuit, ma nostalgie m’a encore réveillé en revenant du bar. Je regrette les erreurs du passé en les répétant aujourd’hui. Aujourd’hui. J’ai encore aujourd’hui. *Note à moi-même: il y aura toujours demain.