Ce passage est un extrait de mon premier roman: VOLIM
J’essaie d’vaincre l’envie de t’écrire, en écrivant ailleurs, autre chose, n’importe quoi, en autant que ça rime pas. Rimer c’est deux mots qui s’accordent et j’ai pas besoin de ça. J’ai pas besoin de toi. J’invente pleins d’trucs. Je t’imaginais autrement. J’ai menti. C’est pas toi, c’est moi.
J’veux ma compagnie, mais la compétition m’écœure. J’veux une île à mon nom. J’veux m’inventer à perpétuité. Perpétuité est un drôle de mot, ça fait pépère, y’a pourtant rien de moins pépère que d’être légendaire. Y’a personne d’autres. J’veux gagner. J’dois gagner. J’ai trop peur de perdre.
J’ai les doigts fatigués. J’écris sans penser. J’devrais penser moins. Toutes mes blondes m’ont dit ça. Mes blondes sont pu là. Il reste moi, et mes amis. La syntaxe compte, elle raconte. Y’aura pu personne d’autres avant moi. Même dans les phrases. Surtout dans les phrases. Je tiens pu la porte pour personne. Quand j’te place en avant, j’m’oublie après. À l’inverse, si je t’oublie en premier, il me reste le moi d’avant. Hier t’as essayé, mais tes avances sont dépassées, y’est trop tard pour les maux réchauffés.
Elle m’a dit, c'est une question de « timing » . Je suis né à la mauvaise époque. J’ai le dos large comme le temps. J’dois l’avouer, l’ordre des choses compte, il raconte. Mon frère est arrivé en deuxième. Mon linge neuf est devenu son linge neuf-usagés. Il a pris les restes. Les cadeaux comme les claques. On donne pas deux fois la même chose, c’est malpoli. De toute manière, ce n'est pas la claque qui frappe, c’est d’croire qu’on la mérite. Et pourtant, je détestais mon frère de pas être battu équitablement. À bien y penser, on s’en fout un peu, dans ce cas-là, du premier ou du deuxième. Demain, j’vais lire mon texte et l’effacer. Mon efface a plus d’histoire que ma mine.
J’ai lu quelque part que le cerveau possède deux modes: le premier écrit, et l’autre modifie. On m’paie pour le deuxième. J’ai toujours été doué pour pointer les choses, nommer les fautes et calculer les autres. Pour dire à ma mère que son riz goûte les patates pilées et ses pâtes la viande à chier. J’évalue bien. Je suis un professeur né. Je préfère souligner 9 fautes par manque d’effort que de lire mon texte haut et fort.
Diriger et rédiger. Je veux des deux. Peut-être que si j’étais moins bon pour effacer, j’aurais meilleure mine? Je l’ignore. Esti j’en pense des affaires. Toutes mes blondes m’ont dit ça. Mes blondes sont pu là. Il reste moi et mes amis. Mes amis admirent mon talent pour penser les choses. Mes amis aiment ce que mes blondes ignorent. Je choisis mes blondes pour leur habileté à ne pas m’aimer. J’préfère le confort à l’incertain.
Je cherche mes mots. Drake a dit de quoi d’bon: « why do I need independent woman to feel like she needs me? ». Je réponds à voix haute à Harman Kardon: « tu le sais comme moi man. Imagine qu’elle t’annonce qu’elle est prête. Qu’elle est là pour longtemps, et non pour un bon temps. penses-y: on est fucked ».
Tout ça m’a fait penser à un jeux de mots amusant. C’est l’histoire d’un gars qui déclare son amour et reçoit un départ en retour.
“I’m searching for these words… ” - Aubrey Drake Graham